DÉPENDRE DE SON INDÉPENDANCE  

Par Andrée Watters

Ce matin j’ai regardé mon horaire et j’ai réalisé que « M. Mon Chum » devait travailler le week-end prochain. De mon côté, dans la même case horaire, il n’y avait rien, aucune trace d’une quelconque activité de planifiée. Niet. Est-ce que la panique s’est emparée de moi? Est-ce que j’ai ratissé mon bottin de téléphone à la vitesse de l’éclair dans l’espoir d’y trouver une amie qui comme moi, aurait un samedi soir de libre? Non. Je ne m’énerve pas, au contraire. J’ai tout d’un coup eu un sentiment de grande liberté qui a pris mes idées en otage et honnêtement, à la vue de la page toute vierge du samedi dans mon agenda, j’ai eu une envie folle de la laisser dans cet état. Blanche et pure.  

             Je l’avoue, parfois j’aime être « TU SEULE ».

              En me retrouvant avec moi-même, j’en profite pour faire quelques mises au point et me parler franchement dans le blanc des yeux. Je m’arrête devant le miroir et je prends des nouvelles de moi. Bien sûr je jubile rien qu’à l’idée de pouvoir danser sur la trame sonore de « Flash Dance » en leggings du lever du soleil jusqu’au lever de la lune en passant l’aspirateur mais surtout, j’ai besoin de me jaser. J’ai besoin de faire le point et c’est dans ma solitude que je peux le faire. Je me pose des questions, je m’examine, je me regarde de la tête aux pieds. Je prends le temps de me demander si je suis toujours sur la bonne voie, si j’ai mis des projets de côté récemment pour des raisons aussi futiles que « J’ai pas eu le temps! » Est-ce que je mange toujours bien? Est-ce que j’ai trop abusé des bonnes choses dans les dernières semaines? Est-ce que je m’entraîne suffisamment, est-ce que je bois assez d’eau, est-ce que je prends soin de mon corps et de ma peau? Bref, toutes ces questions qui n’auront jamais autant d’impact si elles ne nous sont pas posées par nous même. On ne peut pas se mentir quand il n’y personne pour nous écouter.

  Quand je n’ai pas l’occasion de passer une soirée complète avec mon ombre,

 c’est en allant magasiner, manger dans un resto ou en allant  marcher en solo que je me retrouve. Depuis que je suis toute petite j’ai ce trait de ma personnalité qui veut toujours remonter à la surface. Durant mon enfance, il m’est arrivé très souvent de dire à mes amies de jeu: « Maintenant, je vais aller jouer toute seule ». Pour la personne qui partage ma vie, il y a dû avoir une période d’adaptation puisque c’est assez surprenant pour un homme de se faire dire par sa blonde : « À tantôt chéri, je m’en vais voir un film sans toi ok? »  ou bien « À tantôt chéri, je m’en vais souper au resto avec personne ok? »

  Pourtant, je sens que « M. Mon Chum »  préfère me voir revenir bien dans ma peau que de me savoir la tête pleine de chicanes qui n’ont jamais été réglées entre ma tête et mon cœur. Finalement, les moments que je passe avec moi-même me permettent de passer plus de moments de qualité avec les autres en ayant la tête vide et libre, comme la case horaire de mon agenda ;)

Éditions AW Productions