9 octobre 2010




LA REVANCHE DES FILLES
Par Andrée Watters


Chaque fois que j’entre dans un magasin d’électronique, les vendeurs s’adressent toujours à l’homme dans mon couple pour lui donner les informations détaillées quand il est question du nouvel ordinateur à s’acheter ou de la dernière génération de téléphone intelligent ou autres gadgets d’aujourd’hui. J’ai beau poser des questions très précises qui démontrent que je sais de quoi je parle, c’est inévitable, mon interlocuteur spécialisé réponds toujours à « M. Mon Chum » en le regardant droit dans les yeux, comme si c’était inscrit dans son front qu’il allait comprendre mieux que moi de quoi il est question. En fait,  sans vouloir porter atteinte à la réputation de quiconque, ce sont souvent les hommes dans mon entourage qui m’appellent pour savoir comment configurer un nouveau réseau sans-fil à domicile ou tout simplement pour comprendre comment fonctionne un programme informatique. Il se trouve que j’ai une réputation dont je suis très fière; je suis assez bonne en matières de technologie même si pour bien des gens, techno ne rime pas du tout avec madame.

Pourtant, les femmes d’aujourd’hui doivent être plus productives que jamais!

Il faut avoir accès à nos e-mails partout ou l’on va, traîner nos portables, recevoir des appels sur notre appareil Bluetooth lorsque l’on conduit, envoyer des textos avec nos Blackberry ou avoir toute notre discographie à porter de main dans nos lecteurs Mp3 quand on va au gym. J’ai plusieurs amies qui font même leur repas avec une application de leur Iphone qui leur permet de faire des recettes éclairs en écrivant la liste des aliments qui leur reste dans leur frigo! Certaines suivent même leur cycle menstruel à la lettre ou bien elles on leur horaire détaillé ainsi que leur programme d’entraînement au bout des doigts grâce aux miracles de la science! Bref, toutes sortes d’outils qui nous permettent d’être hyper efficaces dans nos rythmes effrénés de femmes sur la route, à la maison ou au bureau.

Mais finalement, à bien y penser, puisque les hommes sont loin de se douter que nous en connaissons  autant qu’eux, laissons-les croire que nous faisons encore nos calculs à la main, que nous écrivons à la mine et que nos repas sont encore concoctés de toutes pièces par notre grande débrouillardise. Au fond, on veut simplement leur faire plaisir et c’est bien plus satisfaisant pour eux de penser que nous faisons encore tout par nous-même. Gardons le secret!


J’AI RENDU MON TABLIER…DANS MA CUISINE.
Par Andrée Watters


Il faut que je l’avoue haut et fort, j’ai l’impression d’avoir gagné le gros lot en tombant sur un homme qui aime mettre la main à la pâte. Et qu’on se comprenne bien, il n’est même pas question ici de répartition égale des tâches dans notre couple puisque Monsieur “Mon Chum” s’est attribué lui-même le mandat à temps plein de préparer les repas. Il n’est pas non plus du genre à sifflotter sur des airs jazz fusion en concoctant des petites entrées de saumon fumé, au contraire, c’est flanqué d’une veille paire de jeans et d’une bière au bout des doigts que l’homme de ma maison se prépare à nourrir ses convives. Même s’il est muni fièrement de ses mitaines de four fleuries et d’un t-shirt de David Bowie, il n’y a rien de rose dans son approche de l’art culinaire et il est tout à fait craquant quand il cuisine. L’air se remplit d’odeurs alléchantes d’épices italiennes et de testostérone. Il y a de l’amour dans tous ses gestes et c’est là l’ingrédient de son succès.

 De mon côté, mon manque de passion envers les chaudrons n’est pas dutout une raison de paresse. La vérité est qu’il n’y a jamais eu en moi, ne serait-ce qu’une once de talent en matière de popote, et ce malgré l’ acquisition de nombreux livres de recettes des Ricardo et des À la Distasio de ce monde. Sans compter mes nombreux rendez-vous devant mon écran pour apprendre les trucs du “Goût de Louis”, je n’ai jamais réussi à créer un plat qui m’a fait entrevoir le sourire de celui ou celle qui s’en est repus. Il est même arrivé que je prenne le crédit des recettes qui n’étaient pas les miennes durant des soirées entre amies et lorsque celles-ci me félicitaient de la qualité de mes mets...Mea Culpa les filles.

 Je suis loin d’être la seule du type qui n’a aucune patience au dessus du fourneau, mais j’ai tout de même longtemps eu l’impression que je n’étais pas à la hauteur des attentes de notre société qui malgré une évolution phénoménale dans le domaine de l’égalité des sexes n’a jamais suggéré que les hommes nous volent carrément nos rôles premiers d’autrefois. Qu’est-ce qu’aurais dit mon arrière grand-mère en me voyant ainsi délaisser la soupe en échange d’aller pelleter l’entrée? D’un autre côté, pourquoi être mal à l’aise d’avouer que la vie change et qu’on veut simplement en profiter pleinement en identifiant nos qualités et nos moins bons côtés? Ainsi, pour le bien de tous et surtout des gourmands, j’ai pris la décision de rendre mon tablier dans ma propre cuisine, et je l’ai fièrement accroché autour du cou du mâle qui s’y trouvait en lui disant: Chéri, qu’est-ce que tu nous mijotes?

Cependant, même après avoir crié “Au diable le titre du meilleur pâté au poulet!” je me console en me disant que j’aurai toujours une place dans ma cuisine puisque tant et aussi longtemps que j’aurai droit aux démonstrations des prouesses gastronomiques de Monsieur “Chum” sous mon toit, il faudra toujours quelqu’un derrière lui pour ramasser les épaves et les restes de son talent. 


Éditions AW Productions

2 commentaires:

  1. Bienvenue sur mon blogue! Au plaisir de lire vos commentaires!

    Andrée Watters

    RépondreEffacer
  2. Bonjour Andrée! Je viens d'apprendre a l'émission Vlog que tu as un blog! C'est drôle parce que moi aussi j'ai commencer le mien depuis peu. Tout ça pour te dire que je suis bien contente de te lire!!

    RépondreEffacer